
L’église St Pierre de Chaillot a été édifiée dans un cadre architectural très original des années 30. Emile Bois, architecte, a élaboré l’édifice en collaboration avec le sculpteur Henri Bouchard ; de plus l’église s’enrichit des fresques de Nicolas Untersteller et des verrières des frères Maumejean.
Saint-Pierre de Chaillot abrite un patrimoine instrumental remarquable : les «grandes orgues» construites en 1994 par Daniel Birouste, lauréat du concours international organisé par la ville de Paris. Cet instrument associe les techniques de pointe (combinaison de jeux informatisée) et la facture traditionnelle de l’orgue français (notamment la traction mécanique).
L’association Chaillot-Grandes Orgues a pour objet le rayonnement de cet instrument afin de faire entendre l’orgue autrement en invitant des organistes français et étrangers reconnus mais aussi de jeunes talents à découvrir, avec d’autres artistes (instrumentistes, chanteurs, récitants), autour d’un thème, d’un compositeur ou d’une œuvre littéraire dans une programmation très ouverte. Elle est associée avec Le Balzac, cinéma indépendant d’art et essai, pour la programmation de ciné-concerts avec improvisations à l’orgue.

Cinéma indépendant art et essai ouvert en 1935 à deux pas des Champs-Elysées, le Balzac programme principalement des films de première exclusivité issus d’horizons cinématographiques très variés. En complément de cette programmation exigeante, le Balzac offre depuis plusieurs années une large place à la musique et à toutes les formes d’accord entre musique et cinéma. C’est ainsi que nous proposons régulièrement des films muets avec accompagnement musical en direct. Dans ce cadre, nous avons déjà reçu à plusieurs reprises Samuel Liégeon et nous avons pu apprécier tout son talent au piano. Quand il nous a proposé, avec l’association Chaillot Grandes Orgues, de participer à l’organisation d’un ciné-concert à l’orgue, nous n’avons pas hésité ! Jean-Jacques Schpoliansky Directeur du Balzac |
Ciné-Concert
Programme
Visages d’enfants Film muet de Jacques Feyder (1925) Improvisations à l’orgue Paul Goussot 21 mai 2013 20h30 St Pierre de Chaillot 31 avenue Marceau Paris (16) www.chaillotgrandesorgues.com www.cinemabalzac.com |
Paul GOUSSOT Organiste titulaire de l’orgue Dom Bedos de l’ancienne abbatiale Ste-Croix de Bordeaux |
Lauréat aux concours internationaux de Bruges (Belgique) et de Saint-Maurice d’Agaune (Suisse), il remporte en 2007 le Premier Prix d’Improvisation au Concours International de la ville de Luxembourg. Il se produit en concert au clavecin comme à l’orgue dans des lieux prestigieux : Cathédrale Notre-Dame de Paris, Musée d’Orsay, Festival de Dudelange (Luxembourg), festival de Magadino (Suisse), Festival de Naumburg (Allemagne), Festival de Bergamo (Italie), etc.Paul Goussot s’est également produit de nombreuses fois aux Etats-Unis. En 2009, il est nommé « First Young Artist in Residence » à la Cathédrale St-Louis de la Nouvelle-Orléans, pendant une période de six mois. L’improvisation occupe une place essentielle dans son activité : il pratique cet art avec d’autres artistes (avec les comédiens Alain Delanis et Gabriel Dufay notamment), et se passionne pour l’accompagnement de films muets. Ses improvisations sur le film « La passion de Jeanne d’Arc » de Carl Dreyer, ont reçu le prix du meilleur spectacle de l’année 2010 de la Nouvelle-Orléans (dans la section musique contemporaine).
Titulaire de deux certificats d’aptitudes aux fonctions de professeur d’enseignement artistique (en clavecin et en orgue), Paul Goussot enseigne actuellement le clavecin au conservatoire de Chaville et anime régulièrement des académies et des master classes en France et à l’étranger.
Paul Goussot s’est produit avec de grandes personnalités telles que Christian Ivaldi (création d’une œuvre de Philippe Capdenat) et Olivier Latry (concert d’improvisation à Notre-Dame de Paris). En mai 2013, Paul Goussot apparaîtra avec le Caius Consort de l’université de Cambridge (dirigé par Geoffrey Webber), et Barnaby Brown (cornemuse), lors d’un concert d’improvisations, chœurs et musique celtique organisé dans le cadre du festival de St-Albans (Londres).

Visages d’enfants film de Jacques Feyder (1923- 1925) Distribution : Jean Forest (Jean) – Victor Vina (Pierre, le père) Rachel Devirys (Jeanne, la belle-mère) – Arlette Peyran (Arlette) |
A propos du film : Unique long-métrage dont Feyder signe seul le scénario, Visages d’enfants doit sans doute beaucoup de sa vérité psychologique à sa situation familiale d’alors et surtout à l’apport de son épouse et collaboratrice, Françoise Rosay qui n’est pas encore la grande vedette qu’elle deviendra avec le cinéma parlant. Pour Visages d’enfants, Feyder et le chef opérateur Burel, exaltent la beauté rude des paysages valaisans et en font un des protagonistes du drame réussissant quelques prouesses techniques dont la scène de nuit éclairée uniquement par des flambeaux, quand les villageois partent à la recherche de la petite fille perdue dans les neiges – ceci à une époque ou les scènes de nuits sont tournées de jour et ensuite teintées en bleu ou en vert lors du montage des copies. Encore plus surprenants sont les « points de vue » de l’avalanche, où la caméra, semblant chevaucher le glacier même, dévale les flancs de la montagne.
La critique de l’époque a bien souligné cette authenticité de cadre. Feyder a tout naturellement emmené sa troupe dans le Haut Valais où sont tournés tous les extérieurs. D’authentiques paysans composent la figuration, donnant un saisissant relief à des scènes telles que le cortège funèbre et la séquence des noces.
En dehors de la vérité du cadre, ce qui frappe, aujourd’hui encore, dans Visages d’enfants, c’est la modernité d’un regard aigu, dénué de toute sensiblerie, sur l’enfance malheureuse car si les enfants occupent les écrans français dès l’avant-guerre, ce n’est qu’à titre de « poupées divertissantes». Feyder tranche donc sur la mode de l’époque, friande de comédies ou de mélodrames enfantins le plus souvent appuyés sur des succès de librairie en osant raconter une histoire plutôt sombre sans alibi littéraire, sans relief comique. Pour ce faire, il a un atout : Jean Forest qui séduit par son naturel et sa sensibilité à fleur de peau.
Film intimiste, film sans vedettes, Visages d’enfants est néanmoins une production coûteuse qui assoira la réputation de Jacques Feyder en tant que cinéaste prodigue. Après des déboires financiers Visages d’enfants sort enfin en mars 1925 salué comme un film charnière par la critique et boudé aussitôt par le public, qui, semble-t-il, n’accepte pas l’âpreté psychologique qui en fait aujourd’hui un des chef d’œuvres du cinéma touchant au monde de l’enfance.
Extrait de NOTES SUR VISAGES D’ENFANTS de Lenny BORGER
Paul Goussot
